Transplantation d’une pelouse sèche sur galets pour la conservation de lichens

Porteur du projet : 
GSM
Types d'actions : 
Réaffectation - Translocation et réintroduction
Date: 
2003 - 2005
Région: 



Contexte et objectifs : 

La présence d’affleurements argileux non-exploitables sur des terrains sollicités à l'exploitation en 1992 a conduit GSM à demander une extension de la carrière de Cayeux-sur- Mer. Ceci a abouti à l’exploitation d’une surface de 4,5 ha, dont 18 % (environ 0,8 ha) recouverts par un habitat de type « végétation vivace des rivages de galets à lichens et thym » (17.4 – B2.4). Bien que la zone concernée ne soit pas dans le périmètre Natura 2000, GSM souhaite ne pas détruire cet habitat remarquable. L’enjeu identifié ici avec le Syndicat Mixte Baie de Somme était de préserver les stations de lichens sur galet, disséminées sur une zone future d’exploitation, afin de maintenir une station de lichens d’intérêt comparable à celle présente sur la zone à exploiter. Pour ce faire, la solution consiste à transplanter les stations de lichens sur des zones déjà réaménagées.

Description : 

Action : L’expérimentation a été réalisée avec un chargeur 972 G Caterpillar. Le godet de l’engin doit être lisse, sans dents. Les moyens humains sont très modestes, puisque deux personnes suffisent, le chauffeur d’engin et une personne pour le guider. Ne connaissant pas d’expérience similaire, GSM, assisté du service scientifique du Syndicat Mixte Baie de Somme - Grand Littoral Picard (anciennement SMACOPI), a procédé à sa propre expérience préalable à la transplantation. En juillet 2003, une zone test de lichens a ainsi été sélectionnée sur environ 3 m². Parallèlement, une zone réceptrice a été préparée. Elle a été décaissée sur une profondeur de 15 cm et sur une surface de 9 m². Un chargeur a été utilisé pour prélever deux échantillons d’habitats à lichens. Ce prélèvement s’est effectué sur une profondeur de 40 cm environ. Le conducteur suivait les indications d’une personne située au niveau de la station afin d’orienter le godet qui devait prélever l’échantillon. Après avoir sélectionné la surface, le godet a été remonté lentement et l’échantillon a été séparé du terrain d’origine à l’aide d’une lame, afin de ne pas arracher de lambeaux. Le chargeur a transporté l’échantillon jusqu’à la zone de dépôt et l’a mis en place en posant le godet au sol et en reculant progressivement afin que l’échantillon reste en place. Cette manière de procéder permet d’éviter le roulement des galets, et les éventuels lambeaux sont remis en place manuellement.

Suivi : Le suivi sur un an de la transplantation de 2003 a permis de mettre en évidence l'importance de la préparation de l'aire d’accueil. La colonisation des transplants par les graminées étouffe les transplants de lichens et conduit à leur rétractation dans l'espace. Pour la transplantation de juin 2005, l'aire d'accueil a été préparée avec un décaissement de 50 cm d'épaisseur de sol, et un remplissage par 50 cm de galets propres de granulométrie 20/40 mm. Il est à noter que les stations de lichens sont présentes sur environ 19 000 m², et GSM, par le choix de son contour d’exploitation, ne touchera que 8 000 m² sur lesquels se trouvent des stations. Près de 11 000 m² resteront ainsi intacts. De plus, afin de conserver une partie des lichens se développant sur la future zone d’exploitation, GSM a prévu une surface d’accueil de 1 200 m², intégrant une surface de transplantation de ces stations de 600 m² à 800 m².

Calendrier de l'action : 

2003 : Premier essai de transplantation

2004 : Suivi écologique 

2005 : Second essai de transplantation 

2012-2018 : Suivi écologique 

Avant travaux / après travaux (crédits GSM) :

 

Bilan : 

Points forts : D’après les suivis réalisés en 2012, 3 taxons de Cladonies sp. et 1 Peltigera sp. ont été observés 5 ans après le déplacement, ce qui laisse présager un certain taux de réussite des travaux. De nouveaux suivis ont été réalisés en 2018. On note l’apparition d’une nouvelle espèce, Cladonia pocillum, ce qui correspond à un point positif. 13 ans après la transplantation, on observe encore une dynamique de l’habitat : de nouvelles espèces de lichens apparaissent et colonisent le milieu, pendant que d’autres disparaissent. En l’état actuel des connaissances, il est possible de conclure que cette opération de transplantation représente une solution de pérennisation à moyen terme de cet habitat, qui pourrait également être qualifié de long terme, en fonction des résultats des suivis futurs.

Il peut être intéressant de noter que parmi la piloselle (Hieracium pilosella) les lichens sont plus nombreux, en raison du caractère télétoxique de cette espèce qui émet des substances toxiques par ses racines, empêchant ainsi le développement des autres plantes à proximité. De fait, cela favorise la présence des lichens, la toxicité ne semblant pas impacter ces derniers. 

Points faibles : La difficulté de cette translocation expérimentale repose principalement sur le suivi, lié au rythme biologique des lichens, et au manque d’experts connaissant ces espèces.
De plus, la dynamique des plantes vasculaires est naturelle et difficile à limiter. 

Perspectives 
Le suivi réalisé en 2018 a permis de montrer que malgré une diminution de taxons par rapport à ceux préalablement identifiés sur le site receveur (disparition de Cladonia ciliata var. tenuis et de Cladonia foliacea), nous trouvons encore une bonne densité de deux cladonies (Cladonia rangiformis et Cladonia furcata) et une tache de Peltigera rufescens. De plus, une nouvelle espèce est à noter, puisque Cladonia pocillum est présente sur la zone d’observation.

Publication :
Signoret, J., Paporé, L., Triplet, P., Ertz, E. (2005). Essais de transplantation de sol pour la conservation de lichens d’une pelouse sèche sur galets dans la Somme (France). Bulletin de la Société Linéenne Nord-Picardie (SLNP), vol. 23.
 

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